L’Albanie à vélo en hiver

Janvier 2024

Un vélo devant une montagne en Albanie

Au coeur des montagnes Albanaises, y’a pas full !

Arriver en Albanie à vélo après l’Italie nous a fait un petit choc, et cela arrive à beaucoup de monde en provenance de pays « plus développés ». Après une courte nuit dans le ferry que nous avons pris à Brindisi dans les Pouilles, nous arrivons à Vlorë, ville côtière du Sud de l’Albanie. Le régime communiste qui s’est terminé en 1991 a mis à mal l’économie du pays et les ambitions des Albanais, privés de tous leurs biens personnels. 30 ans plus tard, le pays est bien décidé à redorer son blason et à attirer plus de touristes, en particulier sur son territoire côtier. Nous sommes ainsi étonnés de la modernité de la ville de Vlorë : des immeubles récents, un front de mer propre, d’innombrables restaurants et bars flambant neufs. Et puis, toutes ces belles voitures : Porsche, grosses Mercedes, Audi… Étonnant pour un pays où le revenu moyen est autour de 500€ par mois !

Petit à petit, en nous éloignant de la côte, nous commençons à comprendre. Vlorë est une ville balnéaire très touristique, surtout en été. En pleine mutation pour attirer toujours plus de touristes, on y observe de nombreux immeubles en construction, des routes et boulevards piétons bien entretenus. C’est également le cas d’autres villes côtières comme Saranda, plus au sud ou Durrës plus au nord. Mais l’arrière-pays, lui, est pour le moment resté très authentique.

Une mer avec la ville en fond et le couché de soleil

Arrivée à Vlorë en ferry

Petit aperçu :

Des routes dans des états assez aléatoires, des maisons habitées mais qui nous semblent pas totalement terminées ou faites de façon très artisanale (il y a toutes sortes de câbles qui dépassent, des réservoirs à eau perchés sur les toits…). L’agriculture est pratiquée de façon familiale et non intensive (comme avant les années 1950 en France), on peut croiser des troupeaux de chèvres ou de moutons un peu partout et même sur les grands axes routiers ! Une des images les plus marquantes est celle de paysans sur leurs ânes frôlés par des voitures de sport ! On trouve également des stations-essence très régulièrement, elles ne sont pas vraiment débordées par la demande en carburant (d’ailleurs au même prix que chez nous !), contrairement aux cafés de ces mêmes stations qui eux sont toujours occupés ! Des cafés, ce n’est d’ailleurs pas ce qui manque en Albanie ! Les Albanais, surtout les hommes, aiment beaucoup s’y retrouver et y discuter des heures durant en buvant du café « à la turque » et du raki (eau-de-vie typique qui arrache !). Ha oui, il n’est pas encore interdit de fumer dans les lieux publics, on peut donc se prendre des bons « shots » de fumée de cigarette… !

Station essence vue du toit terrasse

Station essence où nous avons passé la nuit

Julie qui boit un café sur une terrasse

Petit déjeuné sur la terrasse du café, sympa la vue !

Le vrai visage de l’Albanie pourrait donc nous donner l’impression d’un « retour vers le passé » et ne pas tellement faire rêver… MAIS !

Une fois que l’on accepte ce premier dépaysement visuel, donc seulement superficiel, ce qui vient est magique. Les Albanais sont profondément gentils et bienveillants. Préservés du tourisme de masse de la côte, ils aiment les touristes, et les voyageurs à vélo ne passent pas du tout inaperçus dans leur quotidien ! Le premier jour, nous sommes étonnés d’être klaxonnés très régulièrement, puis on voit rapidement les mines souriantes des Albanais dans leurs voitures, ils nous font toujours « coucou » quand ils nous dépassent ou nous croisent ! Chaque trajet à vélo en Albanie sera un festival de coucous ! De quoi se mettre un peu à la place de la Reine d’Angleterre !

Nous avons vite fait d’apprendre comment dire « bonjour », on dit « mirë dita » ! Un impératif dans ce pays où tout le monde se salue. Parfois, à vélo, nous arrivions au niveau des Albanais sans que ceux-ci nous aient vus, nous les saluons puis leur mine s’illumine d’un sourire en nous répondant, c’est tellement agréable !

Un berger qui promène ses moutons

Berger Albanais croisé au détour d’un chemin

Il n’est pas rare de se faire offrir des cafés, des oranges, des repas voire même un gîte pour la nuit ! Une fois nous sommes arrivés complètement trempés dans un café d’un tout petit village, le couple de propriétaires a eu pitié de nous, ils nous ont proposé une place près du feu, des gateaux et Julie a même eu le droit à des chaussons ! 

Julie et Yvan qui boivent un café avec une dame chez elle

Invités chaleureusement pour le café (et le raki!) dans le village de Zhulat

Julie qui boit un café sur une terrasse

Prêt de chausson et feu de cheminé lors d’une journée pluvieuse, on était bien !

Bivouaquer partout et en toute sécurité : « pourquoi pas ? »

Le premier soir en bivouac, après avoir été conseillés par Thomas, un Français ayant déjà l’expérience de l’Albanie à vélo, nous demandons à une station essence si cela est possible de dormir à côté. Réponse positive ! Cela peut sembler très étrange de camper là mais c’est en fait bien pratique pour profiter des sanitaires de la station, et du café le matin ! On a donc vite fait de comprendre qu’en Albanie il existe peu de règles, quand on demande si le bivouac est possible à tel endroit, leur réponse favorite est « pourquoi pas ? ». Donc la seule règle tacite est : si tu ne déranges personne, alors pas de soucis !

Pause dèj et séchage de toutes nos affaires

Bivouac hivernal en Albanie

Premier bivouac en Albanie, près d'une station service, ça fait rêver hein !

Encore une station service !

Bivouac de repli au coeur du parc national de la rivière Vjosa

En plus, nous nous sommes sentis très en sécurité, en fait ce n’est pas juste un ressenti, ça l’est ! Le vol et les petits larcins ne rentrent pas dans les pratiques des Albanais, Fatmir, notre ami Albanais rencontré en volontariat, nous dira qu’ils appliquent à la lettre le proverbe « ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse ». Les vélos ne semblent de toute façon pas les intéresser, à la rigueur si on avait une belle Mercedes… On ne dit pas que l’Albanie est un pays où la criminalité n’existe pas, loin de là ! Il paraît que la Mafia albanaise est toujours très puissante, mais en tant que voyageurs, nous ne sommes pas du tout concernés…

Et rouler en Albanie, c’est comment ?

Étant arrivés au sud de l’Albanie, nous avons seulement roulé 250 km, en choisissant de nous enfoncer vers l’intérieur du pays. L’Eurovélo 8 traverse le pays en longeant la côte, c’est déjà bien que cela existe mais nous trouvons dommage de ne pas voir autre chose que la côte. Nous recommandons donc les petites échappées plus vers l’Albanie rurale et les montagnes pour plus d’authenticité !

Un itinéraire tracé sur une carte de l'Albanie

Itinéraire sur le GPS Locus de notre trajet en Albanie

Quant au niveau physique, l’Albanie est un pays montagneux donc ça grimpe quand même ! Mais comme vous pouvez le voir ce n’est pas non l’Everest ! Cependant, si vous passez par la côte il y aura le Llogara Pass qui vous fera prendre 1000 m de D+ sur 20 km continu, sans doute la partie la plus difficile du pays à vélo (mais nous on y a échappé héhé) !

Yvan de dos avec son vélo au bord d'une route devant une montagne

Contemplation des montagnes pour Yvan

Les coups de cœur :

– les ponts suspendus !
– la rivière Vjosa
– Zhulat, le petit village où nous avons effectué 3 semaines en volontariat, proche de la ville de Girokaster

Magnifique pont suspendu que l'on a traversé

Vue de la rivière Vjosa, l'un des derniers fleuve sauvage d'Europe

Contemplation méditative du village de Zhulat

Sur la route pour nous rendre à Zhulat...

Un petit de Miami à Vlorë !

Quels beaux paysages dans l'arriere pays Albanais

Pause dèj sur le perron d'un restaurant fermé

En résumé, l’Albanie est un pays que nous méconnaissions, et qui pour certains a mauvaise réputation. Finalement ce fut une magnifique découverte, particulièrement grâce à la pure gentillesse de ses habitants et l’atmosphère bienveillante qui rendait nos bivouacs très agréables.

Quelques stats !

  • Durée 36 jours dont 22 en volontariat
  • 8 Jours pédalés
  • +/-  264 km à vélo
  • Moyenne de +/- 33 km pédalés par jour
  • 1 nuit en ferry
  • 7 nuits en bivouac
  • 6 nuits en booking
  • 22 nuits en volontariat à Zhulat chez Fatmir